Antonine International School

Lebanon

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Un artiste d'exception

11/6/2014


Le 6 Novembre dernier, certains membres du journal scolaire de l’AIS ont eu le privilège d’interviewer Georges Khabbaz, un grand acteur  occupant une place importante au sein du paysage artistique libanais. A cette occasion, nous l’avons retrouvé autour d’un café  au Starbuck’s Zalka, au cours duquel l’acteur a mené avec nous, journalistes de l’AIS et passionnés de comédie, une discussion très enrichissante. L’acteur s’est montré extrêmement sympathique avec nous et on apprécié ! Un comédien touchant, vrai, proche de son public… un artiste complet. Il nous dit tout ou presque…on vous laisse découvrir !

AIS NEWS : A quel âge vous avez commencé à vous intéresser à la comédie?

Georges Khabbaz : J’avais 4 ans quand je suis monté sur scène pour la première fois, dans une pièce de théâtre professionnelle retraçant la vie de st. Maron. J’avais le rôle d’un petit enfant que guérissait st. Maron.  J’ai grandi dans une maison d’artistes, mon père était comédien amateur, il a d’ailleurs joué dans quelques pièces de théâtre écrites et dirigées par Ziad el Rahbani, ainsi que dans beaucoup de séries télévisées. Ma mère était aussi comédienne amatrice mais au niveau du théâtre. Tous les deux se sont d’ailleurs rencontrés sur scène puis se sont mariés. L’expérience de mes parents m’a beaucoup aidé à avoir confiance en moi sur scène dès le plus jeune âge. J’ai donc pu affirmer très tôt ma passion pour la scène.

AIS NEWS : Qui a découvert votre talent en premier lieu ?

Georges Khabbaz : Premièrement mes parents, ensuite mon entourage, mes oncles sont musiciens, et ma tante dansait avec la troupe des frères Rahbani. L’ambiance dans la famille a beaucoup contribué à découvrir que j’avais un certain talent. Depuis ma plus tendre enfance, je jouais des pièces de théâtre, et mon premier théâtre était le canapé de la maison ! J’ai ensuite commencé à écrire des chansons et je jouais de plusieurs instruments de musique. Le théâtre me prenait tout mon temps. C’était ma passion.

AIS NEWS : Quels sont les difficultés que vous avez rencontrés dans votre vie professionnelle ?

G.K : Les difficultés que je rencontre sont multiples comme par exemple les difficultés de production au Liban mais aussi l’absence de lois suffisantes pour défendre le cinéma et le  piratage des films.

AIS NEWS : Comment arrivez-vous à vous organiser en jouant des rôles tellement contradictoires ?

G.K : Je considère  le métier de comédien comme étant particulièrement difficile. Un bon acteur doit savoir comment jouer tous les rôles, même si ils sont contradictoires, il va se fatiguer  et aura peut-être  besoin de quelques recherches pour donner le meilleur de lui-même, mais le plus important est de savoir comment tout de suite sortir de ce rôle et se détacher du personnage que l’on joue.

AIS NEWS: Quelles sont les activités que aimez faire ?

G.K : J’aime beaucoup le sport, le mini football, le tennis, le ping-pong, la natation et bien évidemment j'aime aussi le cinéma. J’ai à la maison plus de 3000 vidéos ! J’apprécie aussi le grand air en faisant du vélo.

AIS NEWS: Est-ce que votre métier de comédien affecte votre vie courante ?

G.K : Personnellement dans ma vie courante je suis sérieux et non pas comique, et lorsque je reçois des prix, je parle d'une façon très sérieuse et non pas comique. Ce qui  fait de moi une personne relativement sérieuse en dehors du théâtre. J'aime beaucoup la prise de contact avec les gens, le vrai contact humain. C’est la raison pour laquelle quand je ne me sens pas bien ou que je sens que je ne suis pas de bonne humeur pour apprécier cela, je reste tout simplement à la maison et je ne sort pas.

AIS NEWS: Vous êtes trop engagé par rapport à l'acceptation de l'handicap par la société. Où en est la société libanaise selon vous ?

G.K : Je suis trop engagé par rapport à ce sujet car une personne handicapée, quel que soit son handicap  est avant tout une personne normale que Dieu a créé. Si la société refuse cette personne comment va-t-on pouvoir accepter des gens de religions différentes, et de couleurs différentes ? Comment affirmer que l’on vit dans une société qui prône la tolérance si on n’est pas capable d’accepter toute personne qui soit différente de nous ! On parle de la paix dans le monde  etc, mais je pense que pour y arriver, il faut travailler sur le fait d’accepter ces individus qui n’ont pas choisis d’être dans cet état,  car à mon sens, accepter les différences c’est contribuer à pacifier les sociétés dans lesquelles nous vivons.

 

AIS NEWS: Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire le film ''GHADI'' ? Comment est né ce projet ?

G.K. En travaillant avec une école qui prend soin des handicapés, j’ai eu une prise de conscience. Pour moi, ce sont des anges sur terre mais sans ailes.  J’ai réalisé le film Ghadi en mettant des ailes à ce projet et à l’ handicap en changeant le son « M » de "mou3ak" en "malek”. J’espère qu’avec ce film, on a contribué  à éveiller la société  sur le sujet et pu aider les parents d’un enfant  handicapé à prendre conscience du fait qu’ils ont  un ange, et qu’ils ont été choisis par Dieu pour qu’ils aient un ange dans leur maison.

AIS NEWS: Vous avez gagné beaucoup de prix. Que vous ont-ils rapporté en plus ?

G.K: Durant ces 2 dernières années j’ai remporté le prestigieux Murex d’Or, le film GHADI a gagné beaucoup de prix, et a participé à de nombreux festivals. De même, j’ai écrit le film  «  Waynoun », qui lui aussi a participé à plusieurs festivals et a remporté 4 prix. Ces prix, qu’ils soient locaux ou internationaux sont très importants pour moi, car cela prouve que quand l’on reçoit un prix d’un jury professionnel qui a une expérience dans cette profession, c’est un signe  que ce que tu fais est correct, ce qui va effacer tout doute à l’égard de ton travail. Donc, ce prix te donne une énergie positive et te pousse à aller le plus loin possible dans ton travail.

AIS NEWS : Quand vous avez écrit GHADI, vous avez été en même temps le scénariste et l’un des acteurs principaux. Comment pouvez donner à chaque partie toute son importance ?

G.K : Ecrire le scénario est une partie indépendante du reste. Je prends moi-même le scenario en tant qu’acteur, et je le découvre de nouveau dans ma vision d’acteur, sous un nouvel angle. Au contraire c’est un plus, et moi, je sais gérer cet équilibre, puisque dans la majorité de mes travaux, j’ai été à la fois le scénariste, l’un des acteurs principaux et le réalisateur.

AIS NEWS : Qu’est ce qui distingue Georges Khabbaz des autres ?

G.K : Je ne veux pas me comparer aux autres, je ne suis meilleur que  personne, mais je peux vous dire ce que je connais à propos de moi-même. J’ai peut-être ce quelque chose, je suis une personne très sensible, et mon humanité prend le dessus sur moi en tant que personne. Je suis passionné par ma profession, mon travail est ma passion, mon passetemps favori. J’apprécie  particulièrement l’ambiance familiale, je suis en perpétuelle progression, je travaille toujours sur moi-même. Au niveau spirituel, j’ai une relation très forte avec Dieu, Jésus, et la Sainte Vierge.

AIS NEWS : Vous avez actuellement une nouvelle pièce de théâtre qui va bientôt être jouée ?

G.K : Oui, elle est intitulée «  Wara El beb », elle pose le problème de la séparation des familles. Elle parle d’une famille, dont chacun de ses membres est occupé dans son propre monde, et cette famille est en rupture, comme la majorité des familles au Liban. Le divorce est d’ailleurs devenu très commun ici au Liban, et j’ai aimé parler de ces maux et  leurs conséquences  d’une façon comique. J’aime beaucoup aborder ces sujets car je considère que la question qui se pose réellement à mon sens n’est pas pourquoi on divorce, mais pourquoi se marie-t-on ? Cette pièce de théâtre est juste un petit reflet de la société pour dire aux gens que lorsqu’ils se marient et qu’ils ont des enfants, il y aura forcément des sacrifices à faire, et qu’une fois qu’on est responsable d’un enfant, on a plus le droit d’être égoïste et de l’abandonner à cause d’une séparation.

AIS NEWS : Vous puisez vos idées d’après ce que vit la société ?

G.K : Mais oui bien sûr, moi je considère le théâtre comique populaire comme étant un miroir de la société, mais pas seulement, il est aussi une culture et un divertissement.  Inconsciemment, le spectateur choisi un personnage d’une pièce de théâtre auquel il s’associe. D’où le besoin de créer ces pièces de théâtre où tout le public peut s’y associer.

AIS NEWS : Parlez nous  du film «  Waynoun »

G.K : Ce film aborde le sujet de personnes disparues pendant la guerre et dont les parents n’ont plus de nouvelles  depuis 20 ou 30 ans. J’ai donc écrit 7 chapitres, 7 femmes dont chacune a sa propre histoire. Chaque chapitre a été rédigé par un étudiant diplômé de l’université NDU, qui a ensuite composé une équipe de 10 personnes également étudiants dans la même université. Ils ont ensuite réalisé ce film avec des acteurs professionnels. J’ai écrit ce film et NDU a été responsable de le diriger. Ce projet me tient beaucoup à cœur car c’est un moyen de soutenir les étudiants et de leur dire que nous sommes à leurs côtés. Ce film a également participé à de nombreux festivals et beaucoup de ces élèves ont eu la chance de marcher sur le tapis rouge. Je remercie sincèrement l’université NDU et j’encourage chaque élève passionné d’audiovisuel à foncer, peu importe le fait que ce soit une profession qui demande un immense investissement personnel. Si vous aimez ce métier, alors foncez !

 

AIS NEWS : Cependant, ce métier est tout de même très concurrentiel. Qu’en pensez-vous ?

G.K : Je n’ai pas de concurrents, ni dans ce que je fais, ni par rapport à mon travail. J’écris, je réalise et je joue, je fais tout. Je n’ai personne en tête qui sache faire tout cela, c’est pour cela que je vous dis en toute objectivité que mon identité professionnelle m’est propre.

AIS NEWS : A l’AIS, notre établissement scolaire, nous avons le GTA, Groupe Théâtral Antonin, qui connait un grand succès, notamment en France à l’occasion du « Festival des Festivals ». Quels conseils pouvez-vous nous donner ?

G.K : Premièrement, vous devriez savoir que le métier d’acteur c’est quelque chose de difficile, qui implique un grand investissement personnel. Mais il implique surtout la poursuite de vos études, bien sûr et demande également beaucoup de culture au niveau de l’histoire de l’art par exemple ainsi que les cours d’art dramatique qui sont très important. J’encourage chaque individu passionné par quelque chose à tout faire pour y parvenir.

 

Propos recueillis par Jean MALLO et Rita HOMSI